28/03/2012

Interview de Panda Dub

Comme promis, voici l'interview de Panda Dub. Celui-ci nous parle de son début, de ses inspirations, de sa vision du dub, etc... A lire et à apprécier. Merci monsieur le Panda!


Tout d'abord, pourrais-tu te présenter en quelques mots, nous expliquer comment est arrivé cette envie de te lancer dans la dub-music, puisque tu étais, à ce qu'on peut entendre, plus tourner dans le rock-métal avant de te lancer dans cette aventure? Et pourquoi un tournant aussi "radical"? Quel artiste ou quels sons t'ont vraiment donné l'envie d'aller là-dedans?

Moi c'est Panda, j'ai 25 ans et je fais du son depuis 7 ans, mais le projet Panda dub est vraiment né en 2007, et mon premier concert en 2008 dans la région lyonnaise.
En fait ça s'est fait assez progressivement et très naturellement. J’appellerais pas ça un changement radical, mais une évolution musicale comme tout le monde peut avoir en grandissant. J'avais un groupe de métal (dans lequel j’étais bassiste) comme de nombreux ados, puis ma grande sœur m'a fait découvrir le dub, via des artistes comme high tone, kaly, zenzile... et c'est dans ce style que je me reconnais le plus aujourd'hui.
Les sons qui m'ont vraiment rendus fou et donnés envie de créer mes dub : high tone - taniotoshi / kaly live dub - sandura / brain damage - brain booster (et j'en passe..), bref, j'ai découvert le dub français avant tout. Mes compos aujourd'hui oscillent entre ethno/electro/steppa/dub



As-tu déjà pensé à monter ton propre sound-system afin de diffuser toi-même ta musique?

Oui, j'y ai pensé, je me suis acheté deux enceintes JBL, que je voulais compléter par des scoops, mais il est vite apparu que logistiquement et financièrement parlant, ça n'allait pas le faire. (et puis le travail du bois reste un mystère pour moi). Projet tombé à l'eau. Après voila, c'est plus un rêve d'avoir quelques kilos à moi, plutôt qu'une envie irrépressible de diffuser.



Tu as développé un son, une touche qui t’es vraiment propre, mélange de rythmiques puissantes et de sonorités ethno. D'où t'es venu l'idée d'utiliser ce genre de sons en particulier? Es-tu amateur de musiques du monde ou est-ce que cela vient d'expériences, de voyages personnels que tu as pu faire?

J'aime beaucoup la musique ethnique en générale, et particulièrement la musique orientale et indienne. Je trouve que ça se marie plutôt très bien. On a d'un coté la rythmique lourde, les gros synthés, la basse, qui sont des éléments que j'associerais à la terre, au sol, et de l'autre des instruments comme une flûte indienne, ou un sitar, qui évoque plus le coté aérien, "céleste"... la confrontation des deux me plait vachement. On peut autant écouter en fermant les yeux qu'en se défoulant devant des big enceintes.



"Il n'y pas de règles dans l'underground!" Voilà ce que tu as laissé entendre lors de la Get Up Session, partant du principe que je suis entièrement d'accord avec ça, peux-tu nous dire quels sont les raisons qui te poussent à aller voir toujours plus loin dans l'expérimentation des sons électro? Tu as offert, lors de cette soirée, un passage de dub/hardcore, tu as l'air d'apprécier les tempos plus soutenus et les kicks qui tapent durs (si je peux me permettre), mais alors, pourquoi s'être lancé dans le dub, as-tu été tenté de faire des sons que l'on entend plus souvent en free-party?

Ce que je veux dire par là, c'est qu'il n'y a aucune limite dans la musique, et qu'il faut laisser parler ses envies, ses inspirations. Pendant un temps, je me suis cantonné a faire du dub très épuré, très redondant, (CF certains morceaux de Subcontraire), en me mettant des barrières dans l’expérimentation, pour ne pas choquer les gens. Mais je ne m'épanouissait pas comme ça. J'écoute beaucoup de style de musique (dub, roots, hip-hop, trance, minimale, dubstep...) et c'est vrai que je ne me mets désormais plus de limite, n'en déplaise aux puristes.
Oui, j'ai tenté et je tente encore aujourd'hui pas mal de trucs musicalement. Mon ordinateur regorge de compos très variées : du hip-hop, du roots, de l'electro... Cela dépend de mes humeurs, de mes envies. J'essaie donc de faire un peu de tout, mais ma passion, et le fil conducteur de mon inspiration reste le dub, alors pourquoi ne pas mixer un peu tout ça et en faire un joyeux bordel ?


Que répondrais-tu aux puristes du genre, qui voient d'un mauvais œil l'arrivée d'une dub-music qui se tourne très largement vers l'électro?


Musicalement, on y peut rien, on vit dans un monde où la MAO s'est installée, où tout le monde a la possibilité de composer de la musique. Il existe un nombre incalculable de styles musicaux qui débordent les uns sur les autres, et le dub n'a évidement pas été épargné... il a évolué, et je l’espère bien continuera d'évoluer vers des possibilités infinies. Mais malgré cela, il y a encore des groupes qui font du roots (je pense par exemple à Inner Rose, The Mighty Lions) , et il y en aura encore longtemps, mais il ne faut pas fermer la porte aux évolutions, aussi violentes soient-elles, qui touchent le dub.

Concernant maintenant les événements, les sounds systems, j'ai souvent eu de longues discussions à ce propos, et c'est un lourd débat. C'est vrai qu'a la base, on joue du reggae en sound system, avec le message qui va derrière. C'est sûr que quand tu vas voir OBF en sound, c'est pas tellement pour méditer, mais plus pour skanker et jumper... (et encore, OBF n'est pas plus électro que ça) Je comprend parfaitement cette frustration et un certain agacement de voir le mouvement se démocratiser de plus en plus, surtout pour les anciens, qui sont activistes depuis le début. Un jour on m'a dit : "ce qui me gène c'est que ça fait 20 ans que je me bats pour organiser des soirées sound, pour véhiculer le message rasta, et maintenant que c'est ancré, les jeunes organisent des soirées sound system où ils passent du dubstep et se ne sont la que pour picoler..." Bref, c'est compliqué, parce que moi même je joue un dub assez dur, assez électrique, et je ne me revendique pas rasta, mais que voulez vous... le monde, les mentalités, la musique évolue. Je pense qu'il faut simplement ne pas oublier les racines du mouvement dub, et garder un message de paix.


Voilà un moment que tu as commencé, depuis l'album Subcontraire voir un peu avant puisque tu avais déjà fait quelques sons avant de sortir cet album. On peut voir, en ce moment, de plus en plus de groupes, de sound-systems et de soirées dub en France, et on entend pas mal d'artistes expliquant que la scène dub se développe très bien aujourd'hui. Quel est ton avis là-dessus et penses-tu qu'il est vraiment plus simple de se lancer dans cette voie aujourd'hui?

Je n'ai pas vraiment d'avis là dessus. C'est un fait, le mouvement dub explose depuis maintenant plusieurs années, et tant mieux. Je ne pense pas que ce soit un effet de mode, ou que certains se lancent la dedans juste parce que "ça marche" (enfin je l'espère). Je vois la création plus comme un besoin qu'une envie.


Ton prochain album va donc sortir incessament sous peu et comme tu nous l'as dit, tu t'apprêtes à faire une date avec Soom-T (d'ailleurs on attend ça avec impatience), as-tu d'autres projets en tête, peut-être une autre collaboration? Et si tu pouvais choisir, avec qui aimerais-tu travailler si tu te lançais dans un projet annexe à Panda Dub (personne ou groupe vivant(e)?

Pour le prochain album (Psychotic Symphony), il y a une collaboration avec Joe Pilgrim, chanteur de Inner Rose et membre du collectif Dub addict, ainsi qu'avec Poussin, l'accordéoniste du Fat Bastard Gangband.
J'ai aussi expérimenté un morceau Dubstep avec Tiburk (Sound System), et un autre dub avec un pote qui joue du Hang drum et de la guimbarde. Bref, j'apprécie de plus en plus de travailler avec d'autres musiciens, instrumentistes, chanteurs... J'ai également quelques morceaux assez roots de coté et j'aimerais bien en faire un petit album téléchargeable dans quelques mois.
En projet annexe, je travaille déjà avec des potes dans un groupe Hiphop 'la Microfaune' (je partage le beat-making avec un autre membre du groupe). Puis je travaille sur un projet hip hop un peu plus solo, où je ferais poser des MC et des DJ sur des instrus concoctées uniquement par mes soins.
Enfin, si je pouvais choisir, j'avoue que j'aimerais énormément travailler un jour avec Pupajim; et allé, pourquoi pas High Tone (on peut rêver!)


Et maintenant, la question à cent-mille dollars, pourrais-tu nous dévoiler pourquoi tu as choisi ce pseudo/cet animal? Réponse non-obligatoire, bien sûr, si tu ne veux pas nous le dire.

La question vaut cent mille dollars mais la réponse vaut 2 sesterces : ça vient d'un trip avec mon grand frère quand j'étais plus jeune; il me fallait un nom, c'est Panda dub qui est sortie, et je l'ai gardé. Finalement ça me correspond pas mal car je suis assez docile et plutôt paresseux; par ailleurs, le coté noir et blanc, colle bien avec la dualité qu'on retrouve dans mon son : le yin et le yang, l'envie de violence et de roots.


Le mot de la fin?

Amis publiques, artistes et autres farfadets dubbers, dans un monde où la musique est sans cesse plus forte, faites attention a vos oreilles, vous n'en avez qu'une paire.

1 commentaire:

  1. Le nouveau projet de Poussin, c'est Steel Alive et c'est par là : https://soundcloud.com/steelalive/impro-nocturne-d-dicace-au

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